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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/170

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LA VIE DE FAMILLE

sont trop faibles pour rien entreprendre eux-mêmes, et craignent aussi les nègres, qui, à la première occasion, tourneront contre eux. L’armée espagnole de Cuba se prépare à recevoir vigoureusement les Américains.

Le gouvernement des États-Unis s’est prononcé contre cette expédition de flibustiers, et engage tous les bons citoyens à s’y opposer ; mais les Espagnols n’en croient pas moins que les États à esclaves travaillent sous main à la faire réussir, afin que l’annexion de Cuba contre-balance l’accroissement des États libres du Nord.

C’est le 22 avril que je dirai adieu à cette île de Cuba, si belle et en même temps piquée par le serpent.




Matanzas, le 6 avril.

Me voici de retour chez M. et madame Baley, dans ce foyer si bon, si parfait. Il n’est pas d’endroit où l’air soit aussi vital et délicieux qu’à Matanzas, et on ne fait nulle part autant de musique. Durant toute la journée, des contredanses de Cuba sont jouées sur quatre ou cinq pianos du voisinage, et le soir une couple de jeunes gens viennent sur la terrasse, presque en face de la nôtre, chanter des chansons espagnoles en s’accompagnant de la guitare. Un habile joueur de harpe va de maison en maison, pinçant les cordes de son instrument attaché sur son dos, et joue devant les portes son « Arragonesa », cette danse si petillante de vie, que je petille et danse en moi-même lorsque je l’entends, ou bien sa « Cachuca » si gracieuse. À travers tout cela retentit la musique militaire de la Place