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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/183

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pleurs et à la recherche du Christ. Lorsque les processions se rencontrèrent, et qu’on put supposer que Marie-Madeleine voyait le Christ, un coup de feu fut tiré ; aussitôt toutes les cloches furent mises en branle, les fanfares résonnèrent, les pavillons furent hissés dans le port ; le carême était fini. Les volantes se précipitèrent dans les rues, les nègres également en criant et en riant. C’était une jubilation générale, mais sans aucune signification.

Je me dirigeai vers ma chère courtine de Valdez. Le matin était magnifique, la mer, d’un bleu clair et agitée par le vent, lançait son écume d’argent au pied du rocher de Morro, les pavillons flottaient joyeusement dans le port, l’air était plein d’une vie nouvelle. Des pigeons blancs s’abattaient près du bassin de marbre et s’y désaltéraient ; de petits lézards verts couraient sur la muraille.

Le 20 avril.

Ton jour de naissance ! qu’il soit béni ! Ne pouvant te présenter des fleurs, je vais, en pensant à toi, te raconter l’histoire de cette journée, qui a été bigarrée pour moi, mais amusante ; elle t’amusera aussi.

Deux Américains, — de race chevaleresque, et que le Seigneur récompensera, je l’espère, en leur donnant une compagne bonne et belle, — s’étaient chargés spontanément, lors de mon retour de Matanzas à la Havane, de ma personne et de mes effets jusqu’à l’hôtel. L’un d’eux, ayant habité longtemps à Cuba, au Texas, au Mexique, avait acquis un peu de la grâce des Espagnols sous le rapport du langage et des manières. Il a été pour moi, depuis lors, une société fort agréable, et je lui suis redevable d’un ta-