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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/224

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LA VIE DE FAMILLE

avec chambres commodes, cuisines, jardins, où ils pourraient, en travaillant, trouver réunis tous les avantages de la solitude et de l’association. Mais non, les grandes et commodes maisons en pierre sont restées vides. Les nègres ne les aiment pas plus que l’association. Le but principal du nègre, c’est de pouvoir acheter un petit lot de terre un peu élevé, c’est-à-dire un monticule où il pourra construire une cabane d’écorce couverte en palmes, planter les arbres de sa patrie, bêcher quelques terrains pour planter des cannes à sucre, du maïs et autres fruits de la terre. Il travaille pour arriver à ce paradis terrestre. Quand il l’a atteint, son plaisir est de se reposer, de jouir autant que possible, de travailler le moins qu’il peut. En effet, pourquoi travaillerait-il ? L’ambition, le désir de savoir, de conquérir le monde spirituellement ou matériellement, donné par le Créateur à a race caucasienne, n’a pas été départi au nègre. Il a reçu au contraire la faculté de jouir sans soucis, un caractère gai, le chant et la danse. Le ciel sous lequel il est né favorise ces dons et compense les autres.

Même dans le commerce, le nègre montre son penchant à s’isoler dans son petit monde, et son éloignement ou son incapacité pour l’association. Au lieu d’une grande maison de commerce pour la vente du sucre et du café, on voit s’élever vingt petites boutiques où chacun vend séparément sucre et café, et sans aucune relation les unes avec les autres.

Par suite de ce penchant, les nègres n’aiment pas non plus à travailler pour les propriétaires des grandes plantations, et demandent par cette raison un salaire exagéré ; ils préfèrent ne pas travailler si on le refuse, ce qui leur est facile, car leurs besoins sont peu nombreux, et la belle