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LA VIE DE FAMILLE

l’on trouve maintenant dans toutes les écoles publiques, depuis le Massachusett jusqu’au Visconsin et dans l’Illinois, depuis le New-Hampsire jusqu’à l’Ohio, et dans lesquelles l’air et la lumière se précipitent ; ces salles d’enseignement, remplies de beaux enfants aux yeux limpides, pleins de vie, où les jeunes maîtresses, filles et honneur de la Nouvelle-Angleterre, à taille frêle et d’un extérieur agréable, n’en sont pas moins plus solides sur leurs bases que les Alpes et les Andes, et gouvernent une foule de petits républicains, plus facilement et mieux qu’un magister sévère, à voix de basse et à martinet.

Les jeunes filles de l’Amérique du Nord ne sont pas maintenues dans l’ignorance et l’inactivité comme la plus grande partie de celles de l’Europe. On leur apprend de bonne heure à compter sur Dieu et sur leurs propres forces pour acquérir l’estime et un mérite indépendant. Dès l’enfance elles sortent du foyer pour suivre les écoles, où elles trouvent l’occasion de pousser leurs études aussi loin que les jeunes gens ; et elles ont prouvé que les sciences, considérées comme au-dessus de leur portée, leur sont aussi faciles à cultiver que les connaissances et les talents superficiels auxquels on a jusqu’ici limité leur éducation. Elles se distinguent dans le calcul, les mathématiques, la physique, les langues anciennes, au moins le latin, et autres branches d’instruction qui leur étaient interdites auparavant. Leurs compositions écrites, en vers et en prose, présentent une pureté de style, une clarté dans la pensée, une étendue de vue extraordinaire pour un âge aussi tendre. On voit que l’esprit du Nouveau-Monde a dénoué les ailes de leur esprit et leur permet de planer librement sur les champs de la terre. On élève la femme américaine en citoyenne du monde, on lui apprend à embrasser l’huma-