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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/242

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LA VIE DE FAMILLE

du jour en Amérique, et se prolongera sans doute tant que l’esclavage ne sera point aboli. Cette institution est un mensonge qui tranche trop avec le principe social américain, un péché trop contraire à la justice et à l’humanité.

On doit dire cependant que l’influence de l’esprit social de l’Amérique du Nord a beaucoup contribué, durant ces dernières années, à rendre la position des esclaves plus douce, et l’on peut dire avec vérité qu’elle s’améliore de jour en jour. La partie plus noble de l’esprit national des États du Sud s’occupe beaucoup, dans ce moment, à relever la position des noirs sous le rapport intellectuel et moral. On prêche plus généralement l’Évangile aux esclaves, — surtout dans les États où la religion a été puissante de tout temps, la Géorgie et la Caroline. Partout où l’on prêche, les esclaves s’élèvent, forment des sociétés religieuses, annoncent eux-mêmes avec énergie et joie le Sauveur, le Réconciliateur ; entonnent en son honneur des hymnes dont la beauté et l’harmonie ne sont guère soupçonnées par ceux qui ne connaissent pas le don musical des Africains, mais seulement leurs chants et leurs cris lamentables dans l’état sauvage. Si dans les États du Nord la loi marchait dans les traces de l’Évangile, j’oserais leur prédire un grand avenir en même temps qu’ils auraient accompli une grande œuvre.

Si l’on étudie la position des esclaves dans les États-Unis, son meilleur côté est celui où ils ont un bon maître, une vie de trêve sans avenir, mais non pas sans jouissance. Dans les plantations, l’esclave a une maison proprette à lui, un jardin, son porc et ses volailles. Son travail y est mesuré avec justice, et il peut avoir quelques jours joyeux ; ses enfants sont bien nourris, il ne songe pas au lendemain. Les esclaves d’intérieur dans de bonnes maisons