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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/25

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Chickasaws, dont plusieurs familles habitent encore la Louisiane occidentale et l’Alabama.

Nous quittâmes, Harrison et moi, cette joyeuse scène au soleil levant et en nous désaltérant avec de délicieuses oranges ; nous rentrâmes en longeant le port, sur lequel d’immenses barriques de sucre étaient rangées.

Plus avant dans la journée, je suis allée à l’église. Le prédicateur, homme de génie, à ce qu’on disait, prêcha l’amour des hommes — d’une manière païenne, en citant les paroles d’un Romain célèbre : « Si quelqu’un ne prend pas plus de soin de son prochain que de ses bestiaux et de ses esclaves, il ne mérite pas qu’on dise de lui : C’est un homme bon. »

En voilà assez sur le sermon et le prédicateur, qui n’était pas sans talent, surtout quant au débit ; il y joignait cependant de trop grands gestes.

Dans l’après-midi, M. Geddes m’a menée voir les cimetières français. C’était véritablement une « ville des morts, » avec rues et places, formées par des chapelles, des tombes en pierres, toutes à une certaine élévation du sol, très-chargé d’humidité. Du reste, point d’arbres, ni pelouses, ni verdure, excepté autour de quelques tombes isolées ; pas de fleurs, rien de ce qui rend témoignage de la vie, d’un souvenir d’amour. Tout était mort, pétrifié, désert, on n’y voyait pas non plus de promeneurs. Je ne continuai pas moins d’avancer entre ces tombes et ces chapelles en pierres ; un ciel bleu se voûtait au-dessus de la ville des morts. Je traversai trois immenses places formées par des tombeaux. C’était le plus grand contraste qui se puisse imaginer de la scène du matin.

Demain j’irai avec M. et madame Geddes à Mobile, dans l’Alabama, où je suis invitée par madame Walton Le Vert,