parées à la vie, à l’enivrement spirituel que respirent le chant, la prière et la joie religieuse que l’on voit et entend dans les fêtes religieuses des nègres d’ici. Combien le regard des premiers est sauvage et vide, comparé à celui que j’ai vu rayonner chez les nègres des États-Unis, quand la vie lumineuse du christianisme leur était prêchée d’une manière claire et vivifiante !
C’est ce qui a lieu aussi dans les États à esclaves de l’Amérique du Nord, avec un développement de plus en plus étendu, surtout dans ceux de l’Est, depuis la Virginie jusque dans la Caroline du Sud et la Géorgie. Il me semble que cette dernière surtout est animée d’un esprit de liberté tout juvénile. L’usage s’y répand toujours davantage de laisser les nègres se présenter eux-mêmes à leurs frères comme guides religieux ; on leur construit des églises. Dans les États du Sud-Ouest, au contraire, où l’on a peu songé à la vie chrétienne, la position des nègres dans les plantations est souvent aussi obscure sous le rapport de la vie de l’âme que sous celui du corps. Mais — il est incontestable que la lumière se montre, de généreux chrétiens lui frayent la voie, et bientôt l’Évangile sera prêché aux esclaves, même dans les déserts marécageux du Mississipi et sur les bords lointains des rivières rouges.
L’Evangile avance, l’Église du Christ tend de plus en plus les bras, et les portes de la prison de l’esclavage s’ouvriront devant elle dans tous les États à esclaves de l’Amérique. Ce qu’on a maintenant le droit d’exiger d’eux comme sociétés chrétiennes, c’est qu’il soit permis à l’Evangile de marcher sans entraves, et que la loi suive ses traces, que les lois des États-Unis concernant les esclaves s’emparent, de préférence aux siennes, de celles de l’Espagne concernant l’affranchissement.