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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/257

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

entre les blancs et les nègres, je crois qu’un grand nombre des meilleures têtes et des meilleures mains parmi les nègres préféreraient, étant libres, rester en Amérique.

Au nombre des efforts tentés en faveur de l’émancipation des noirs, je dois citer la proposition faite au congrès, par le noble et patriotique Henry Clay, d’une loi qui aurait reconnu libres tous les enfants noirs nés après une date déterminée (1850, je crois). Cette proposition n’a pas été appuyée par les hommes d’État moins célèbres que Clay, non plus que les tentatives faites par quelques particuliers, relativement à l’éducation et à la libération de leurs esclaves.

Parmi ces tentatives, il y en a une sur laquelle je désire attirer les regards de Votre Majesté, parce qu’elle part de l’élément féminin et maternel de la société, et qu’elle ressemble au grain de sénevé, qui, tout en étant la plus petite des semences, n’en devient pas moins un grand et bel arbre dont l’ombre s’étend au loin.

Dans les États à esclaves, il y a quelques jeunes filles, des sœurs de planteurs, qui ne regardent pas comme un crime de tenir école pour les enfants des nègres de leur plantation, de leur apprendre à prier, à penser, à travailler. Elles rendent hautement témoignage de l’aptitude de ces enfants, de leur désir d’apprendre, surtout quand l’instruction leur arrive d’une manière animée, en badinant, par des narrations et des images.

Un usage généralement établi dans les plantations, quand les esclaves hommes et femmes travaillent au dehors, c’est de réunir les enfants dans un lieu particulier, sous la surveillance d’une ou deux femmes. Je les ai vus quelquefois entassés au nombre de soixante à soixante-dix. Leurs gardiennes étaient de vieilles négresses tenant