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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/260

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LA VIE DE FAMILLE

ricains qui m’ont donné plus que tous les trésors de la Californie, une vie nouvelle de l’âme et du cœur.

Le foyer, dans le Nouveau-Monde, est ce qu’il était, ce qu’il est encore pour notre antique Nord, — un sanctuaire. Le foyer américain veut être aussi une belle demeure. Il aime à s’entourer de vastes pelouses ornées de beaux arbres, de belles fleurs, on les retrouve même dans les villes, il n’y a pas sur la terre de plus élégantes habitations. Dans le foyer on trouve la piété, les bonnes mœurs et l’amour de la famille. C’est le foyer américain qui consolide l’État et le rend si fort sous le rapport de la crainte de Dieu et de la vie morale. Les hommes les plus nobles et les meilleurs, y compris Washington, ont été élevés par des femmes pieuses dans des foyers nobles et moraux.

Ce qui distingue surtout les foyers du Nouveau-Monde, c’est la souveraineté de la femme dans son intérieur. Le mari américain s’impose la loi de laisser sa femme maîtresse chez elle. Il s’incline volontairement sous son sceptre, par amour et dans la conviction que c’est le mieux, le plus juste, et aussi par courtoisie chevaleresque pour le sexe ; car l’Américain croit qu’il y a chez la femme quelque chose de divin, une nature plus élevée, plus délicate. Il aime à l’écouter, à y recourir dans toutes les questions de la vie intérieure ; il aime à placer sa compagne un peu plus haut que lui-même.

La femme, libre de développer son monde, son être dans le foyer, rarement contredite, jamais contrainte, et d’ordinaire fidèle à sa belle nature, se montre douce, aimant son intérieur. De l’Océan oriental jusqu’au Mississipi, du Minnesota septentrional jusqu’au tropique, je n’ai rien vu dans l’Ouest de plus aimable, de plus rapproché de la perfection que la femme mère.