— Cependant, mon ami, dit le colonel Mac Intosh, rigide calviniste, si vous étiez resté en Afrique, vous n’auriez pas le bonheur d’être chrétien, et vous auriez fini par appartenir au diable. »
Le nègre se mit à rire, baissa les yeux, secoua la tête, tourna le bonnet qu’il tenait à la main, et s’écria enfin, en levant les yeux avec une expression pleine de gaieté et d’esprit :
« Voyez-vous, massa, on prêche maintenant l’Évangile dans toute l’Afrique ; si j’y étais resté, pourquoi n’aurais-je pas été du nombre de ceux qui l’ont entendu là-bas aussi bien qu’ici ? »
Nous n’eûmes rien à répondre à cet argument, le sage et jovial nègre eut le dernier mot.
Le départ de la dame dirigeante fut pour nous une aventure très-agréable. Elle nous abandonna en route pour aller diriger une pension dans l’une des villes de cette partie de la Floride ; l’air en fut singulièrement allégé dans notre petite société. Mademoiselle Dix nous quitta aussi pour aller à Saint-Augustin, la plus méridionale des villes de l’Union, dont elle voulait visiter les établissements de bienfaisance et les prisons. Partout où mademoiselle Dix passe, elle cherche à faire du bien aux malades, aux aliénés, aux criminels, à répandre la semence de la culture spirituelle. Des livres en miniature, appelés « gouttes de rosée, » contenant des sentences religieuses et une foule de petits traités avec jolies gravures sur bois, composées de narrations, de poésies pour les enfants, sont répandus par mademoiselle Dix comme une rosée du matin.
Saint-Augustin, fondée par des Espagnols, est la plus ancienne ville de l’Amérique du Nord ; elle conserve encore un caractère et des constructions qui témoignent de