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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/80

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LA VIE DE FAMILLE

M. Schneidler, l’exécute sur le piano avec un génie musical allemand.




Serro, le 12 février.

C’était hier dimanche, et quoique notre petit village de Serro n’allât point à l’église, puisqu’il n’en a pas, il avait néanmoins un air des plus fériés. Vers midi, j’entendis de divers côtés le rhythme plein d’animation du tambour africain, dont les coups inégaux ressemblaient assez à ceux des fléaux battant le grain dans les villages environnants, mais le tambour avait une vie plus animée. Il annonçait que les nègres libres dansaient dans les endroits où ils ont l’habitude de se réunir. Mon hôte eut l’obligeance de me conduire vers l’un de ces lieux de réunion près de Serro. Dans une salle qui ressemblait à celle de nos auberges de campagne, je vis trois nègres nus jusqu’à la ceinture, vigoureux de formes et de visage, qui battaient du tambour avec énergie. Ces tambours sont faits avec des troncs d’arbres creusés, sur lesquels on tend une peau. Les nègres tambourinaient sur cette peau avec des baguettes de bois, les mains, les pouces, les poignets, et cela avec une remarquable habileté, une perfection artistique que je voudrais pouvoir appeler un art naturel sauvage. Ils tambourinaient comme l’abeille bourdonne, l’oiseau chante, le castor bâtit. La mesure et le rhythme, qui changeaient quelquefois, étaient magnifiques ; on ne peut rien imaginer de plus naturellement parfait, décidé, de plus vif, que cette mesure inégale et cependant égale. Ils tenaient