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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/83

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ma tête comme un voile vert, fin, transparent, brodé, à travers lequel on voit le ciel.

L’arbre à gourde ou calebasse (je donne les noms d’arbres tels que je les entends nommer ici, je n’ai pas sous la main de livre de botanique) ressemble à un pommier ; il a des branches garnies de feuilles serrées le long de la branche qui porte de grands fruits ronds sans queue. Ces fruits peuvent devenir aussi gros qu’une tête d’homme ; leur écorce est très-dure, pourvoit à tous les ustensiles de ménage des pauvres gens, et deviennent, lorsqu’ils sont fendus en deux, des plats, des assiettes, des vases à boire, des baquets, des cuillers à pot et autres, tout enfin. La calebasse ou gourde est surtout le principal mobilier des nègres. C’est elle aussi qui orne leurs poignets, augmente le plaisir et le fracas de leurs danses. Je pourrais te citer d’autres arbres, mais je ne les connais pas encore de nom.

Les maîtresses de maison dans ce pays n’ont guère de peine à se donner pour conduire leur ménage. La cuisinière, toujours une négresse quand la famille n’a pas de cuisinier (c’est un nègre), reçoit une certaine somme par semaine, avec laquelle elle pourvoit aux dîners de ses maîtres. Elle va au marché, fait les emplettes, prend ce qu’elle trouve de meilleur ou ce qu’elle juge à propos d’acheter. Souvent la maîtresse de maison ignore ce que la famille aura pour dîner jusqu’au moment où il est servi. Je suis, en vérité, surprise de voir les maîtresses de maison s’en remettre avec une telle sécurité à leurs cuisinières et se bien trouver de cet arrangement. Il paraît qu’en général les nègres ont du plaisir et de grandes dispositions pour faire la cuisine ; ils se font un point d’honneur de servir de bons dîners.