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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/85

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

gentillesses, et mendiaient, quoique je ne les comprisse pas.

Chaque nuit j’ai salué la grande et magnifique constellation de la colline des palmiers et vu le regard paisible, mélancolique, fixé sur la terre par l’étoile du matin. Je n’oublierai jamais ces nuits-là dont le calme n’était interrompu que par le murmure de la rivière et du bananier.

Ce matin, madame Schneidler est venue avec moi au parc. Des vers espagnols étaient gravés sur un beau bambou, j’en ai demandé le sens à ma compagne. Elle n’a pu le dire, car ils contenaient les plus grossières inconvenances ! Encore le vieux serpent.

On voit dans la campagne environnante de petits enclos ayant tous des cabanes construites en palmiers et couvertes avec les feuilles jaunies de ces arbres ; leur toit pointu est souvent plus haut que la cabane. D’ordinaire les habitations de l’île sont basses à cause des ouragans qui les détruiraient sans cette précaution. Plusieurs petites cabanes de nègres ont aussi des murs en écorce de bouleau ou faits avec de menues branches tressées ensemble. Le palmier est le premier de tous les arbres pour les pauvres gens. Il leur donne des maisons, tandis que le calebassier les pourvoit d’ustensiles de ménage. Ces petits enclos, quoique dépourvus d’ornements, n’offrent pas moins un aspect particulier qui pare le pays.

On m’a raconté bien des histoires relativement au dernier ouragan, et montré, tout près d’ici, la place où était une petite maisonnette de paysan. Ses habitants, au nombre de douze, s’y trouvaient réunis quand l’ouragan secoua la maison. Le père de famille engagea tout le monde à se mettre en prière, chacun tomba à genoux autour de lui ; debout au milieu de la chambre, il priait au nom de tous.