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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/93

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

de commerce américaine de Matanzas ; l’autre, par la propriétaire d’une plantation à quelques milles de cette ville, madame de Conick. Je ferai ainsi connaissance avec la campagne, les palmiers, le caféier, la canne à sucre et autres plantes tropicales. Combien je m’en réjouis ! J’éprouve une impatience inexprimable de m’éloigner de la Havane. Sa chaleur oppressive, et ce genre de vie, nouveau pour moi, m’ont causé une migraine fatigante, dont je souffre depuis près de trois jours, et qui ne veut pas me quitter, tout en me laissant la possibilité de sortir et de visiter la ville. Je partirai demain en chemin de fer pour Matanzas ; c’est un voyage d’une journée à peu près.

Je finis ma lettre, mais il faut te raconter auparavant ce que M. Nenninger, consul de Suède ici, et madame Schaffenberg veulent arranger pour moi. Le consul a une petite maison de campagne, qu’il n’habite pas, dans la contrée des jardins ; elle est auprès de celle de M. Schaffenberg. Celui-ci veut la meubler à mon intention. Je pourrai y habiter en paix et liberté, soignée par une vieille duègne, et je prendrai mes repas chez les Schaffenberg. N’est-ce pas aimable ? Selon toute apparence, je ne profiterai pas de cette offre amicale, dont je suis fort reconnaissante. M. et madame Tolmé sont au fond de tout cela. Que Dieu les bénisse !

Tu as maintenant de la neige, de la glace et du froid ; tu es environnée d’air glacé et moi j’ai trop chaud ; cet excès ne vaut pas mieux que l’autre, surtout quand on a la migraine ; mais l’âme et le cœur sont en bonne santé, et c’est avec eux que je t’embrasse tendrement.