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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/95

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

créé les chemins de fer à Cuba. Toutes les glaces étaient baissées pour donner accès à l’air excellent du matin ; et, quoique tous les hommes de cette voiture, quarante ou cinquante environ, fumassent des cigares ou cigarettes, on ne sentait aucune odeur de fumée, on la voyait à peine. L’air de Cuba paraît avoir la faculté de l’absorber. J’étais la seule femme de la voiture, assise seule sur mon canapé et presque seule dans mon coin, ce qui me laissait la liberté de regarder autour de moi tandis que je volais sur cette terre nouvelle et ravissante, et d’étudier ce qui se passait. Ce sont seulement des actions de grâces parties du cœur qui peuvent sanctifier dignement de pareilles jouissances.

Il avait plu pendant la nuit, et de jolis nuages s’amoncelaient, s’amassaient le long de l’horizon en prenant des formes bizarres. Ils s’élevaient comme de pesantes draperies sur les montagnes bleuâtres, traînant à leur suite — le soleil levant, et formaient un arc splendide encadré d’or sous lequel cet astre répandait un océan de lumière douce et rosée. Tout à coup une clarté apparut au-dessus de la montagne, et le soleil se montra. Les petites villas fantastiques blanches et jaunes, avec leurs jolis jardins resplendissants de belles fleurs et de plantes bizarres, les cabanes couvertes de palmes au milieu des champs, les palmiers verts, élancés, dominant les toits jaune-gris, les bosquets de mango, de platanes, d’orangers, de cocotiers, les haies et les champs verdoyants, tout était d’une brillante fraîcheur pendant cette matinée humide, douce et animée, par les rayons du soleil. Je voyais le long du chemin des fleurs, des plantes, des jardins, des habitations d’un aspect nouveau et joli, qui paraissaient me souhaiter le bonjour en passant rapidement. Je saluai un champ de