Page:Breton - Un peintre paysan, 1896.djvu/13

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SOU^ENIRS L’AUBE CANDIDE Dans la Vie d’un Artiste, j’ai longuement ra- conté mes premières années. Plus d’un lecteur m’a dit s’être reconnu lui- même à plus d’un endroit de mes récits. C’est qu’à toutes les enfances heureuses il y a un point commun : la virginité de la joie dans une parfaite sécurité d’âme. C’est là l’incomparable lot de l’enfance et j’ajouterai que cela lui est du et que rien n’est plus triste, plus déconcertant au point de vue de la justice, qu’une enfance malheureuse. Je voudrais remonter encore le cours du temps vers cet âge d’or où des organes, nouvel- lement éclos, sont sans cesse tenus en éveil par un délicieux étonnement; où tout est si clair pour les yeux, si mystérieux cependant. C’est peut-être aux clartés premières de cette