Page:Brifaut - Le Droit de vie et de mort, 1829.djvu/19

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Non, plus de sûreté s’il reste sur la terre.
Vous l’exilez : il fuit son exil solitaire ;
Il revient parmi nous, pour des forfaits nouveaux,
Glisser son front féroce et rire des bourreaux.
Il ne craint ni leur fer ni vos lois impuissantes.
Lui seul porte la mort dans ses mains menaçantes.
Frémissez, il est là qui rôde en rugissant.
N’êtes-vous point frappé par une odeur de sang !
C’est lui, c’est le trépas : il s’élance, il dévore.
Qu’on lui fasse encor grâce, il va tuer encore.
Qui vous l’a dit ? pourquoi, sans l’avoir éprouvé,
Désespérer de lui ? Tout vil, tout réprouvé,
Tout abattu qu’il est dans la fange du vice,
Il peut se relever si quelque main propice
Daigne pour l’en tirer s’abaisser jusqu’à lui.
Peut-être il n’attend qu’elle. Essayez aujourd’hui,
Demain, encor demain ; et vous verrez peut-être
Aux nobles sentiments ce coupable renaître :
Vous lui ferez aimer ce qu’il a combattu ;
Vous aurez reconquis une âme à la vertu.
Et que la vôtre alors reposera contente !
Le prix ne vaut-il pas que votre espoir le tente ?
Rétabli parmi nous, grâce à vos heureux soins,
C’est un juste de plus, c’est un méchant de moins :