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Page:Brifaut - Le Droit de vie et de mort, 1829.djvu/22

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Toujours près d’un berceau, muette sentinelle,
Puisse-t-elle ignorer la douleur maternelle !
Elle la connaîtra, car aimer c’est souffrir.
Pauvre femme ! et sais-tu qui ton sein va nourrir ?
Hélas ! tu frémirais si tu pouvais l’apprendre.
Cet enfant, vois le monde en tes bras le surprendre ;
Vois-le s’en emparer, le marquer de son sceau,
Imprimer tour-à-tour dans son frêle cerveau
Toutes les passions que lui-même il déploie.
Toi, jeune infortuné dont il a fait sa proie,
Avance. Te voici sur un sol odieux :
Les exemples du meurtre y poursuivent tes yeux ;
Loin de toi, près de toi, partout ils se révèlent ;
Et les traces du sang partout se renouvellent.
Quel bruit résonne ici ? C’est le cri des combats.
Les vivans aux vivans vont porter le trépas.
Là, quels autres mortels s’arment avec furie ?
Des frères. Qui vont-ils déchirer ? Leur patrie.
Ô religion sainte, ils invoquent ton nom !
Liberté, c’est pour toi qu’ils chargent ce canon,
Ce canon destructeur qu’en sa féroce joie
Au sein qu’il dut chérir le Fanatisme envoie !
Ainsi l’Esprit du temps aux crimes nous instruit.
Le tyran fait un signe et son esclave suit.