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Page:Brifaut - Le Droit de vie et de mort, 1829.djvu/38

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Tout périt, tout renaît ; lois, mœurs, religions.
Ma main défait, refait cités et nations.
Tantôt règnent les arts, tantôt la barbarie.
Mais toujours le sang coule et l’humanité crie.
Connais l’homme : l’orgueil, l’effroi de l’univers,
Mélange de vertus, de vices, de travers,
De honteux préjugés, de lumières sublimes,
Grand par ses dévouements, effrayant par ses crimes,
Digne d’amour, de haine, objet horrible et beau,
Il n’est jamais le même et n’est jamais nouveau.
Ô Temps, que m’as-tu dit ? archiviste des âges,
Pourquoi me retracer ces sinistres images ?
Hélas ! dans le passé se montre l’avenir.
Je vois par ce qui fut ce qui doit survenir.
Dans un cercle éternel de vertus et de vices,
Tourneront des humains les orageux caprices.
Tout-à-coup me levant, plein d’un transport sacré :
Non, m’écriai-je, non, de ce monde éclairé
Où l’homme a vu passer tant d’éclatants génies,
La raison, la vertu ne seront plus bannies.
Non, la nuit du chaos ne le couvrira plus.
Les arts n’ont point tenté des efforts superflus.
Ils l’ont su conquérir, ils sauront le défendre
Contre la barbarie ardente à le reprendre.