Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/126

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Mme  EDMOND ADAM


Qui ne connaît Mme Edmond Adam ? Et qui ne l’a, dans quelque mesure, aimée ? Les ambassadeurs se sont rencontrés en son salon ; les poètes y ont lu leurs vers ; les philosophes et les romanciers ont collaboré à sa Revue. Elle a eu des amitiés et des querelles également retentissantes. Elle a agi, pensé, travaillé comme un homme ; et pourtant elle reçut de la nature des qualités féminines : une beauté remarquable, des bras de statue, un corps de déesse, des yeux brillants et tendres, dont l’âge n’a pas éteint la vivacité. Elle compte aujourd’hui soixante ans passés, et elle a autant d’occupations — et de préoccupations — qu’un premier ministre. D’abord elle songe à la France (son plus dur souci !). Je ne sais plus quel chroniqueur racontait qu’étant allé la voir, il la trouva préoccupée, marchant avec agitation dans son cabinet, et que, lui ayant demandé le sujet de son ennui, elle lui répondit d’une voix