Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/290

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vers ce répertoire qui leur procurait des impressions singulières. Le directeur du Théâtre-Libre sut tirer parti de ce double « état d’âme » ; il tint en haleine la curiosité de son public : il lui révéla les œuvres les plus célèbres des littératures étrangères ; il contribua à développer le tolstoïsme, il fournit à l'ibsénisme l’occasion de naître. On était sûr de trouver chez lui de l’inédit. Il en donnait tout au moins l’illusion. On a souvent raillé les singularités de sa mise en scène, son affectation à jouer le dos à la rampe : c’était, de sa part, le dernier mot de l’habileté ou, si vous aimez mieux, de la roublardise. En prenant résolument le contre-pied de ce qui se faisait ailleurs, il avait l’air de faire autre chose. Et ce fut le génie de M. Antoine de pénétrer le snobisme contemporain et de le faire servir au progrès des lettres.