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M. GABRIELE D’ANNUNZIO


Il semble que les écrivains de la génération nouvelle veuillent nous étonner par leur extrême précocité. Ils dépensent une activité fébrile ; ils se hâtent vers la gloire. M. Edmond Rostand, avant d’avoir atteint la trentaine, a déjà produit une demi-douzaine d’ouvrages considérables. M. Gabriele d’Annunzio n’a guère dépassé cet âge, et son œuvre égale, par la quantité, celle de M. Anatole France. Il est célèbre dans tout l’univers. Ses romans ont été traduits dans les deux mondes ; il n’est pas une femme un peu lettrée, Française, Slave, Américaine, Anglo-Saxonne, qui n’en ait savouré les grâces troublantes. M. Gabriele d’Annunzio est un homme heureux. Dans quelle mesure peut-il passer pour un écrivain original ? C’est ce que peut indiquer un rapide examen de sa vie et de ses livres.

À proprement parler, l’auteur de la Ville Morte n’a pas d’histoire. Ou du moins, les aventures dont son