Page:Brissot - Correspondance sur le bonheur de l’homme et de la société, volume 2.djvu/13

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ressembleront à un vaste troupeau de mouton gardé par une armée de loups, qui se concerteroient pour en laisser sortir aucun, & pour pouvoir y entrer eux-mêmes de tems en tems & massacrer à leur gré les plus beaux & les plus gras.


ARTICLE II

Trait d'humanité & de tolérantisme religieux.

L'Ukraine, quoique située dans un climat très favorable, offre des plaines immenses désertes, dont le sol fertile n'attend que des mains industrieuses pour produire des moissons abondantes. Plusieurs familles protestantes s'établirent, il y a quelques années, dans une de ses villes principales, à Niemerow. Elles trouvèrent heureusement dans M. le Comte Vincent Potocki, Grand-Chambellan de Pologne, un protecteur zèlé, généreux, éclairé : qui ne s'est pas borné à accorder des secours, il leur élève encore aujourd'hui une église, la première que les protestants aient eu dans l'Ukraine. Cette petite colonie va devenir florissante, pourvu que la guerre, qui s'allume dans ces quartiers, n'en arrête pas l'accroissement. On parle d'un Seigneur hongrois si riche, que véritablement le poids de ces richesses l'accable, & qu'il se trouve très ennuyé, très-malheureux avec tous les moyens pour être heureux. Qu'il imite l'exemple du bienfaisant Comte de Potoki, & il ne connoîtra pas l’ennnui. S'ennuie-t-on jamais on fait