Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et comme ce jour-là c’était le jour de fête
De mon aïeule morte et vivant dans le ciel,
Mon cœur croyait la voir des mers rasant le faîte,
Et me tendant la main vers le monde éternel.

Puis de loin je criais : « Courage ! enfant, courage ! »
Et mes bras s’allongeaient, sonores, sur les flots ;
Et bien des voix aussi m’arrivaient du rivage.
Voix de jeunes baigneurs et de vieux matelots.

Enfin, je te saisis, mourante créature !
Et sur l’arène d’or bientôt te soulevant,
Heureux tu souriais à l’heureuse nature ;
Moi, triste, je songeais : hélas ! j’étais vivant.
 
Mais, comme un voyageur cueille aux terres lointaines
Une fleur qui lui parle, un jour, du temps ancien,
À ceux qui m’entouraient, plages napolitaines.
J’ai demandé son nom : tous ont béni le mien !
 
Lorsque, joyeux enfant, tu courras sur la grève.
Comme un dauphin léger quand tu fendras les mers,
Devant le Pausilippe, ô Luigi, prie en rêve
Pour qui sauva tes jours et te nomme en ses vers.