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Accord


La vague qui roulait menaçante la veille,
Sous le soleil levant brilla calme et vermeille ;
Or, tandis qu’à mes pieds, vague, tu t’apaisais.
J’allais sondant la vie et, pensif, je disais :

C’est là notre destin : l’homme est, à son aurore,
Un tout harmonieux qui cependant s’ignore ;
Il suit son innocence avec sécurité,
Et s’en va plein de foi, de douceur, de gaîté ;
Mais l’ombre vient, la route à ses regards s’efface,
Et de son conducteur l’enfant quitte la trace.
À travers les détours de ce voyage obscur
Il cherche un autre ami moins riant et plus sûr ;
Longtemps il erre seul : enfin sa conscience
Comme un guide éprouvé lui donne la science ;
Et ses forces, trouvant leur accord à la fois,
Forment un nouveau tout et qui comprend ses lois.
Bien heureux désormais quand l’épreuve est finie,
Et que son être entier n’est plus qu’une harmonie,
S’il se complaît lui-même en sa tranquillité
Et s’il ne brise plus cette sage unité !