Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/145

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II

 
Je fus comme ébloui lorsque, dans Procida,
Un soir je vis entrer Maria-Agatha,
Pour me faire admirer, fille encore enfantine,
Sur son corset doré sa rohe levantine :
De peur de trop la voir je détournai les yeux.
Mais quel air de chrétienne, oh ! quel air sérieux,
Quand, passant au milieu d’une belle jeunesse,
Le dimanche matin elle vint de la messe !
Ce charmant souvenir dans mon ame est resté,
Marie-Agathe, et mes vers l’ont chanté.

J’ai vu, j’ai vu passer les nymphes et les fées.
Blanches filles de l’Ouest, brunes filles du Sud ;
Je compterais plutôt les vagues de Ker-Lud,
Ou les brises du soir dans Sorrente étouffées.

III

 
Comme je traversais le ruisseau de Ker-lorh,
Anna, sur un talus semé de boutons d’or,
Joyeuse et s’enivrant de la belle nature,
Chantait le mois d’avril et chantait la verdure.
Pour boire au clair ruisseau s’arrêta mon cheval,
Et j’aspirai la voix pure comme un cristal.
Je ne m’étonne plus, fille heureuse de vivre,
Si Loïc, votre clerc, s’ennuie avec son livre,
Et si, quand vous chantez seule parmi les fleurs,
Sur son cahier on voit tomber ses pleurs.