Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/161

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« Carguez, carguez la voile ! au large ! à la manœuvre ! »
Le chef est à son poste, et marins, passagers,
S’appelant, s’entr’aidant, se sont tous mis à l’œuvre,
Comme dans les plaisirs unis dans les dangers.
 
Immense linceul noir, le ciel couvrait nos têtes ;
Sous nos pieds se tordait l’abîme rugissant ;
Quand l’éclair coup sur coup frappait les vertes crêtes,
On voyait le pilote au timon palissant.

Ô Mort !… Non, tout s’apaise, et le ciel et la vague.
L’orage, on le dirait, s’enfuit épouvanté !
Déjà pointe vers l’est une lumière vague :
C’est l’aube ! c’est le jour ! c’est un soleil d’été !

Pour tous c’est le bonheur. Voici les robes blanches,
Voici les blonds enfants qui montent sur le pont ;
On s’aborde ; les mains se serrent : gaîtés franches !
Les fils vont embrasser leurs mères sur le front.

Enfin on est au port, et c’est un jour de fête.
L’église s’ouvre, entrons. Oui, venez, prions tous !
Pour nous et pour tous ceux qu’agite la tempête,
Pour notre pauvre France, oh ! prions à genoux !


Marseille.


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