Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/194

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« Ils nous versent l’amour des coutumes rustiques,
Le bonheur d’aller fiers sous d’immenses cheveux,
D’avoir un parler pur entre les plus antiques
Qu’il faut transmettre pur à nos derniers neveux.

« Oui, tes chants ont dit vrai : Les bruyères sont belles,
Nos yeux s’ouvrent plus grands aux aspects du pays,
Plus fervents nous prions sur le sol des chapelles,
Nous allons plus joyeux sous l’ombre des taillis.
 
« Ô poète rustique ! ô poète sincère !
Sois heureux de ta coupe et redis en tout lieu
Ce vers qui soutiendra souvent notre misère :
« Aimons notre pays et surtout aimons Dieu !… »

« Et puis, il t’en souvient, si, bravant ton étoile.
Tu l’emplissais de vin rafraîchi dans l’Ellé,
Une vierge était là plus blanche que son voile,
Et cette belle enfant te disait consolé.

« Aime ton humble coupe, et de vin ou de cidre
Emplis-la jusqu’aux bords pour noyer tes douleurs ;
Si les flots fermentes laissent surnager l’hydre,
Alors, les yeux au ciel, bois ton fiel et tes pleurs. »
 
Et moi je répondis : « Tes discours, ô Jérôme,
Sont un miel savoureux qui pénètre le coeur ;
En creusant tes sillons si tu chantes, jeune homme,
Tes grands bœufs fatigués reprennent leur vigueur ! »