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II


Les yeux levés au ciel où sont les belles choses,
Le poète attendait qu’enfin son astre eût lui,
Lorsque les trois Vertus descendirent vers lui ;
Et leurs longs vêtements étaient blancs, verts et roses.
Elles avaient les bras l’un à l’autre enlacés,
Mais leur front était chaste et leurs regards baissés ;
D’en haut elles disaient : « Je crois ! — J’espère ! — J’aime ! »
Le poète écouta les trois mots à genoux :
De là viennent ses chants et mystiques et doux :
Dans ce monde terrestre il chante un divin thème.

III

 
Il l’a voulu, le barde, et, par un libre effort,
Son cœur et son esprit, ses sens, tout est d’accord.
Extase libre, extase pure !
Dans la triple unité du poète penseur.
Tout ce qui lui répond : Dieu, l’homme et la nature.
Harmonieusement retentit et murmure ;
Chaque voix est distincte et se fond dans un chœur.
Ô barde sage ! extase pure !
Replié sur lui-même, il écoute enchanté
Les modulations de cette trinité. —

Ô belles âmes inquiètes,
Nature, Esprit, Raison, que n’avez-vous tenté ?
Pour venir à la vérité,
Chercheurs de tous les temps, que de routes secrètes,
Ô penseurs inspirés que l’on nomme poètes !