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L’Idéal


À mon frère Edmond, en Amérique


 
Tous le voyaient en rêve aux terres atlantiques,
Et, malgré les boas et les serpents ailés,
Chercheurs d’El-Dorado, les voilà tous allés
Au pays lointain des Caciques.
Là, sur un lit d’onyx et de saphirs, il dort,
Le vieillard idéal couvert de poudre d’or !
Au pays lointain des Caciques
Heureux, nouveaux Jasons, ceux-là qui sont allés !
Qu’importent les boas et les serpents ailés,
Si l’on suit son beau rêve aux terres atlantiques ! —

Fantôme du bonheur, son ombre, son reflet,
Que vous attirez l’âme humaine !
Ah ! s’il est un bonheur pur, durable, complet,
Anges, emportez-nous vers son riche domaine !

Dieu sur tout l’univers refléta sa beauté.
Notre âme par instinct cherche la belle image,
Et, croyant la saisir, frémit de volupté ;
Ô mers, cieux étoiles, vallons pleins de ramage,