Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ô troupe amie et fraternelle !
Du grand nid d’Arzannô tous les trois envolés,
Sur trois pays voisins ensemble ils sont allés
S’abattre et reposer leur aile :

Si l’an jette une plainte, au son de cette voix
Les autres d’accourir, et bientôt ils sont trois.
Dans leur charité mutuelle.
Heureux ces trois amis ! Heureux aussi le sol
Où, guidé par le ciel, s’est arrêté leur vol !
 
Dans ce coin du monde celtique
Le temps n’a point brisé le joug tbéocratique,
Pour ces fronts de croyants joug facile et léger,
Que tous veulent subir, dont nul ne veut changer ;
Comme devant Ior s’inclinaient nos ancêtres,
Tout Breton vit heureux sous la main de ses prêtres :
Il leur remet son âme, eux s’en font les gardiens ;
Et dans leur majesté ces druides chrétiens,
Maîtres, mais partageant les communes angoisses,
Promènent le niveau de Dieu sur les paroisses.
 
Et cependant j’échappe à vos graves conseils !
Cette chaleur qui vient des mystiques soleils
Parfois languit au fond des âmes,
Et pour se raviver demande d’autres flammes.

L’idée au loin rayonne et, libre, me sourit ;
Dans ses détours il faut la suivre :
De mon cœur j’ai fermé le livre,
J’ouvre celui de mon esprit.