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Les Fontaines sacrées


I

Castell-Linn, en montant vers tes sommets boisés,
Où gisent de nos ducs les murs demi-rasés,
Mes pensers voyageurs me suivent ; sur ta pente
Je m’arrête, ébloui du fleuve qui serpente,
Puis, songeant à mon art, à la gloire, au destin.
Je murmure des vers commencés le matin :
 
« Heureux est le poète errant et militaire
Qui porte en sa giberne une Bible, un Homère !
À la voix du clairon, à la voix du tambour,
Mêlant ses chants guerriers, il va de bourg en bourg ;
Ou par delà les mers et les grandes montagnes,
S’il court chercher l’honneur des lointaines campagnes,
À travers la fumée et le feu du canon,
Deux fois, soldat-poète, il ennoblit son nom ! »
 
Ardent tumulte, heureux qui vous a pu connaître !
Mais un maître nouveau, d’après un ancien maître,
L’a dit, et, cheminant sous les arbustes verts,
Par sa prose inspiré, je hasarde ces vers :