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Les deux Routes



I


Deux routes vers le Bien mènent d’un pas égal,
L’amour du Bien lui-même et la haine du Mal,
Et chaque homme, selon que son penchant l’entraîne,
Suit vers le but commun ou l’amour ou la haine ;
La haine est d’un cœur fier et d’un sens affermi
Que le péril excite et pousse à l’ennemi ;
L’amour, d’un cœur pensif, intelligent et tendre
Qui, plaignant les pervers, voudrait s’en faire entendre
Amour, haine, lequel de ce double sentier
Choisir ? tous deux sont sûrs : j’ai suivi le premier.

II


Si le Mal devant moi passe comme invisible,
Je ne suis point aveugle et surtout insensible ;
Plus d’une fois mon œil s’ouvrit épouvanté,
Et mon cœur sait des coups qui l’ont ensanglanté.
Mais pourquoi ramener la chose inexplicable ?
L’homme doit mépriser le fardeau qui l’accable.