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HISTOIRES POÉTIQUES

 
Ainsi, joie et douleur, je connais tout du sort,
J’ai devant ma maison et la vie et la mort.

IX

le tisserand

Toujours de son logis le tisserand me guette ;
J’entre donc, et tandis qu’il lance la navette,
Pour l’égayer un peu j’entonne une chanson :
Mes vers et son métier chantent à l’unisson.
J’ai lu qu’aux jours anciens, quand filait une fée,
Aux sons des luths était sa besogne achevée.
Or, à ses fils rompus s’il refait quelques nœuds,
Moi-même je rajuste un vers défectueux,
Et, tissu poétique ou toile industrieuse,
Nous menons de concert notre œuvre harmonieuse.

X

pour une première communion

Aux derniers jours d’enfance, alors que sur la joue
Une rougeur errante à tous moments se joue,
Quand on n’est qu’innocence, et fraîcheur et gaité,
Mère pleine d’amour, alors la Piété
Sur ces fronts ingénus étend son aile blanche
Et, dans l’ombre veillant, les bras ouverts, se penche :
À travers les parfums des fleurs et de l’encens,
Elle mène à l’autel les groupes blondissants,