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L’Èloge de Nantes


 
Tes fils ont accueilli la mère du poète,
Ô Nantes ! dans tes murs j’acquitterai ma dette ;
De mes jours c’est un doux emploi :
L’aimer, puis chanter ceux qui l’aiment comme moi.
 
Nantes n’a plus au front ses parures ducales,
Mais toujours on la nomme une reine des eaux :
La Loire avec amour baigne ses larges cales,
Et jusqu’à l’Océan soulève ses vaisseaux.

Lorsque les blancs sauniers, par les jours de marée,
Amènent dans son port le sel de leurs palus,
Elle écoute en rêvant cette langue sacrée,
La langue des aïeux qu’elle ne parle plus.

Puis elle se souvient de Félix, son apôtrc,
Laborieux édile et pontife inspiré,
D’une main répandant l’Ëvangile, et de l’autre
Creusant l’immense fosse où le fleuve est entré.