Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/82

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— Bien, Toscan. Cependant l’arc a-t-il voyagé ?
Ou, d’Homère à Milton (grand et nouveau problème !),
Tous ont-ils changé d’arc quand le but a changé ?

Qu’elle est prompte et subtile,
La flamme de l’esprit chez vous, peuple toscan 1
Elle éclate soudain comme un feu de volcan,
Ou jusqu’au fond du cœur pénètre comme l’huile.
Instruisez un barbare égaré dans vos murs !
Versez-moi de ce vin fait des fruits les plus mûrs !
Il vous donne la force, il vous donne la grâce,
Des Celtes à Florence un vestige est resté :
Par leur grand souvenir à ce vin exalté,
Je veux chanter ma race.

Le char celte, le char tout en bois de bouleau,
Je l’ai vu ! Le timon, le cercle de la roue
Avec les membres durs et tors d’un arbrisseau
Furent construits sans bronze ou fer ; rien qui les noue.
À Florence, au milieu des arts dans leur splendeur,
Pour un enfant de l’Ouest ce char a sa grandeur.
Où sont les deux coursiers, les coursiers blancs du Celte ?
Leurs attaches de cuir pendent le long du char :
Lui-même où donc est-il, le guerrier jeune et svelte ?
Qu’il vienne l’arc en main et lance au loin son dard !

La poésie émane.
Émane mollement du vase de mon cœur,
Depuis que j’y versai cette heureuse liqueur.
Douce comme le ciel de la blonde Toscane.
Eh quoi ! le bon Pétrarque oublia la boisson
Où le barde étranger enivre sa chanson !