Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Rosily


XVIe SIÈCLE


I

Je laisse pour un jour les pêcheurs et les pâtres,
La ferme où, tout enfant, par les landes verdâtres
J’accourais, visitant et l’aire et le lavoir,
Les grands bœufs étendus dans la crèche le soir,
Les ruches du courtil, l’âtre où le grillon crie,
Et, doucement assise à son rouet, Marie.
Adieu pour aujourd’hui les robustes lutteurs,
Les combats des conscrits, les travaux des mineurs :
J’entre en nos vieux manoirs, il est sous leurs décombres
Bien des fleurs à cueillir ou brillantes ou sombres.
 
Cyprien, chevalier, mais pauvre, avait vingt ans.
Sous les murs d’un manoir, un matin de printemps,
Il errait par le pré, cueillant des églantines,
Et de frais boutons d’or et de blanches épines.
Et, tout en les cueillant, il mêlait dans les fleurs
Aux gouttes du matin les gouttes de ses pleurs ;
Parfois il les portait humides à ses lèvres