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L’Artisanne


XVIIe SIÈCLE


Des récits consolants et bons à retenir,
Voilà ce qu’il m’est doux d’offrir au souvenir.
Elle est née au Croisic et se nomme Suzanne.
Or un noble l’épouse, elle, simple artisanne,
Et seigneurs et bourgeois, tous les gens du pays,
Pour voir passer la noce ont quitté leur logis.
Les propos se croisaient : « Il a raison, s’il l’aime.
— La raison dit d’aimer l’égale de soi-même.
— Dans ce monde, chacun doit chercher son bonheur.
— Il faut chercher surtout ce qui nous fait honneur. »
Et les langues ainsi, telles que des épées,
Entre elles s’escrimaient, diversement trempées.
Mêlez-vous à la foule, elle aura, de nos jours,
Et les mêmes pensers et les mêmes discours.

Moi, je prise un cœur fier qu’un cœur faible apprivoise.
Si le noble marin aima l’humble bourgeoise,
C’est que, dans sa boutique entrant vers un midi,