L’Aven semble un torrent. À peine quelques saules
Hors de l’immense lac soulèvent leurs épaules ;
Et sauvages canards, sarcelles et pluviers,
Bruissant, frémissant, s’abattent par milliers :
Attente du chasseur dont l’arme meurtrière
Entre les joncs éclate et crible la rivière.
Moi, chantre inoffensif, j’observe au bord des eaux
Le grandiose effet de ces sombres tableaux.
L’automne a ses douceurs ! aux pays des vendanges
Chacun, vigne abondante, entonne tes louanges :
Nous, célébrons le cidre échappé du pressoir,
Et la châtaigne cuite, au coin du feu, le soir.
Sur la table, aubergiste, apportez vingt chopines,
Et des pipes sans nombre et les châtaignes fines !
L’automne a ses plaisirs ! si nous avons fêté
Le printemps pour ses fleurs, pour ses moissons l’été,
Il est un dernier chant qu’à pleine voix j’entonne :
Pour le cidre qui mousse, amis, chantons l’automne !
Quand la vieille Gilette entre dans la maison,
On lui dit : « Çà, La vieille, il faut une chanson ! »