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II

Je suis triste, il est vrai, mon murmure l’annonce,
Mais écoute, hélas ! ma réponse,
Tant je saigne des coups que ta colère enfonce.

Arbre plaintif du Nord, de mon flanc déchiré
J’épancherai pour toi la résine odorante
Qui pourra dans les nuits guider ta course errante,
Par qui sera le pauvre en novembre éclairé.

Le sapin reste vert quand le chêne est sans feuille,
À l’heure où la muse t’accueille.
Sous mes rameaux houleux le penseur se recueille.

Je suis l’arbre pieux. L’être le plus aimé
Laisse bien peu de jours sa mémoire vivante ;
Moi, je le suis fidèle au lieu de l’épouvante,
Je l’abrite et m’éteins près de lui consumé. —

III

Tes bienfaits soient bénis, arbre à la rude écorce,
Consolateur du Nord durant l’âpre saison.
Gaulois, j’aime la grâce unie avec la force :
Buis verts, chênes, ormeaux, entourez ma maison !


Des bois de Lan-Veûr.