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II

Quand ton corps s’étendra dans la couche de terre
Sans chaleur, sans couleur, forme sans mouvement,
Le corbeau, ton ami, lentement, lentement,
De loin arrivera vers toi, parleur austère ;
 
Tu l’entendras, perché sur l’if du cimetière,
Emplir le lieu bénit de son croassement,
Horreur ! et sur ton lit s’ébattre bruyamment,
Et son bec dur sonner sur l’argile et la pierre…
 
Toi qui portes toujours le rameau d’olivier,
Colombe, viens alors vers ton censeur morose :
Le fiel ne pèse pas dans ton cœur un gravier.
 
Que sur son tertre en fleur ton aile se repose,
Puis viens en roucoulant boire à son bénitier,
Légère colombe au pied rose !