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Réponse


Nul mondain ne m’a vu dans un salon doré ;
Ils me connaissent mieux, les pâtres de Cornouaille :
À leurs pauvres foyers souvent mon cœur tressaille,
Par ces cœurs primitifs noblement inspiré.

Et moi, je n’ai pas même un réduit assuré ;
Près du courtil de chanvre un toit couvert de paille :
À mon but cependant j’irai vaille que vaille,
Poète des Bretons, comme eux simple, ignoré.

Ce matin, cheminant sur la lande natale,
J’ai lu les vers fleuris nés dans votre manoir ;
Plus d’un parfum suave et flatteur s’en exhale ;

Un nuage y flottait de votre passé noir :
L’air pur l’a dissipé venant de la bruyère
Où s’embaument mes chants, ma vie humble mais fière.