Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/287

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Hier tout ctait sombre, et tout brille aujourd’hui ;
Dieu vit dans l’univers, tous deux vivent en lui ;
En suivant ce penser divin qui l’accompagne,
Haletant, il atteint le haut de la montagne :
Spectacle encor plus grand qui revient l’exalter !
Son cœur enfin déborde et se prend à chanter.

« Fille de Dieu, Nature, ici je te salue.
Et dans ta profondeur, et dans ton étendue !
La terre est sous mes pieds, sur mon front est le ciel,
Et devant moi la mer, miroir universel.

« Dans tes variétés, salut, grande Nature !
Je te retrouve en moi, débile créature ;
Car l’homme, où vont s’unir les éléments divers,
L’homme est un résumé de l’immense univers.
 
« Aimant des minéraux ou sève de la plante.
Flammes de l’animal, triple force opulente.
Tout se condense en l’homme, il est tout à la fois :
De là vient son orgueil ; — qu’il y cherche ses lois !

« Globes obéissants, chacun à votre place.
Harmonieusement vous roulez dans l’espace.
Chevelus, annelés, opaques, lumineux,
Selon que l’a voulu celui qui dit : « Je veux. »

« L’homme seul, infidèle à la main qui l’envoie.
Vers cent buts opposés s’égare dans sa voie ;
Du maître qui l’attend il perd le souvenir :
Mais libre il peut errer, libre il peut revenir.