Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/305

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Les voici ! la première est la Muse elle-même,
Avec sa lyre d’or. Le feuillage qu’elle aime
A décoré son front ; son pas est si léger
Qu’elle semble vers nous, colombe, voltiger.
C’est que pour s’élever aux sphères éternelles
La poésie est prompte à déployer ses ailes ;
D’en haut, lorsqu’elle instruit les peuples et les rois,
La divinité même a parlé par sa voix.
Mais, calme, elle s’arrête avec un doux sourire,
Et ses beaux yeux tournés vers celui qui l’inspire :
— Dieu jeune, demi-nu, sur le Pinde sacré
Apollon radieux chante comme enivré,
Au bruit de son archet, les verts lauriers frémissent,
Hippocrène s’épanche, et dans un chœur s’unissent
Les neuf savantes Sœurs, mélodieuse cour,
Pour dire leur amant, Phébus, le dieu du jour,
Le dieu de la pensée, ardent et bon génie
Qui lance la lumière et répand l’harmonie.
Pâle, les bras tendus, le sublime vieillard,
Lui-même Homère écoute, et tous les fils de l’art,
Grecs, Latins et Toscans (ô Corneille, ô Racine !
Aujourd’hui vous brillez dans cette cour divine),
S’excitent à monter vers la cime d’azur
Où tout ce qu’ils rêvaient est harmonique et pur.
 
Chanteurs, ici pourtant la Muse vous confie
À son austère sœur, à la Philosophie :
Âme éprise du vrai, cœur sans illusion.
Esprit toujours plongé dans la réflexion. —
Voyez dans son école, immense architecture.
Amis de la Sagesse, amants de la Nature,
Voyez-les, jeunes, vieux, avec sérénité,