Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/47

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Et le bras de l’épouse à l’époux enlacé,
Toujours plus fortement le retenait pressé.
Ils allèrent ainsi sous les feuillages sombres :
Quand la lune entr’ouvrait parfois leurs larges ombres,
En arriére penché, le muet ravisseur
Tournait vers son amie un œil plein de douceur,
La monture un instant s’abreuvait à la source,
Et, plus rapide encore, ils reprenaient leur course.

Mais, au bord d’un talus entourant un grand pré,
Leur course s’arrêta : « Ce lieu qui m’est sacré,
Le reconnaissez-vous ? dit l’amant à l’amante.
Oh ! laissez-moi bénir cette place charmante !
Celle à qui pour jamais un heureux sort m’unit,
Ici je la trouvai : faible et loin de son nid,
Sous l’aubépine en fleur qui sur le pré retombe,
Ici languissamment roucoulait la colombe ;
Je vins, mon chant plaintif était l’écho du sien,
Son nid sous les grands bois va devenir le mien ! »
 
À ces fêtes du cœur, fêtes de la nature,
Comme vous répondiez ! Sur leur libre pâture
Les poulains, hennissant, bondissaient ; les ormeaux
Mêlaient, aux flancs des monts, leurs humides rameaux ;
Des senteurs traversaient la lande, et les nuées
Faisaient jaillir la flamme en de longues traînées :
Par cette sainte nuit plus belle qu’un beau jour,
Accord mystérieux, tout ne semblait qu’amour !


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