Et le barde entonna son chant lugubre et fort,
Ce chant qui fut bientôt étouffé par la mort :
« Sortez de vos dôl-mens, nos pères les Vénètes,
Ombres qui gémissez encor sur vos défaites !
Ô pères, voici notre jour :
Combattez avec nous, César est de retour ! » —
Ah ! lui-même. César, bon juge en grand courage,
Salûrait, jeunes gens, tant de force à votre âge,
Lui qui, parlant aussi de vos pères chouans,
Appelait leurs combats la guerre des géants…
Cependant, jeunes clercs, et vous, soldats, aux armes !
Hélas ! de toutes parts et du sang et des larmes !
L’Armorique pleurant ses fils qui ne sont plus ;
La France, ses héros d’Arcole et de Fleurus !…
Oh ! j’aperçois les Blancs ! La légion entière,
Marins et laboureurs, combat sur la rivière ;
Au milieu de leurs rangs s’agite Cadou-dal ;
L’œil sinistre et hagard, souvent le général
Se tourne vers la ville et regarde et demande
Si Gam-berr, le meunier, arrive avec sa bande :
Les chemins sont déserts, et déserts les sentiers.
Là-bas, sur un coteau tiennent les écoliers ;
Mais leur poudre s’épuise, et, bravant la décharge,
Les Bleus, l’arme en avant, montent au pas de charge.
Au premier coup de feu tombe un des Nicolas.
Pleure, toi, son jumeau, qui dois le suivre, hélas !