Mais enfin Dieu sonna l’heure du châtiment,
L’heure où le plus pervers s’accuse et se dément.
Mains jointes et pieds nus, dans ses larmes noyée,
Se tenait cette femme au seuil agenouillée :
« Le Christ pria pour ceux qui le faisaient mourir.
Ne puis-je pardonner à qui m’a pu trahir ?
Apaisez vos sanglots, relevez-vous, ma fille ;
Vous avez votre place encor dans la famille. »
Et la dame, passant sous un long voile noir,
D’un pas ferme et tranquille entra dans son manoir.
Ce manoir, je l’ai vu, quand, sous le vent d’automne,
La feuille avec le sable au ciel gris tourbillonne,
Et, sous les feux de juin, quand l’aride sillon
Brûle et nous étourdit des refrains du grillon !
Près des flots, dans la plaine, et sans arbre et sans borne.
Au milieu des men-hîrs il surgit sombre et morne…
Le front tout en sueur, courbés sous votre sac,
Peintres qui visitez les géants de Carnac,
Prêtres en robe noire, et vous, graves poètes,
Dites, quand vous errez au pays des Vénètes,
Oh ! ne sentez-vous pas, êtres doux et nerveux,
Un frisson de terreur soulever vos cheveux ?
Près de la grève immense et dans ce sanctuaire.
Aigle royal, la dame avait porté son aire.