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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/72

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Car le clerc avait dit : « Vous vous trompiez, ô femme
Subtile, et de mon cœur aviez mal vu la flamme !
Si j’étais sans amour, que m’importait votre or ?
Au ciel est mon épouse, au ciel est mon trésor.
Qu’il soit votre soutien dans cette passe affreuse.
Le malheur vous épure, espérez, malheureuse ! »

Voilà comme, arrivant sous un voile de deuil,
La dame vit, pleurant et pieds nus sur le seuil,
Cette fille coupable, et ne fut point sévère,
Mais se souvint des mots exhalés du Calvaire,
Et sur ce repentir, ce lugubre abandon,
Versa, comme le Christ, un sublime pardon.

Hélas ! attendons-nous aux ruses des perfides,
Aux poisons du mensonge, aux lâchetés avides,
Et rendons, préparés à cet ordre fatal,
Pour l’absinthe le miel et le bien pour le mal ;
Ou, si tant de vertu passe notre faiblesse,
Disons qu’à se venger un noble cœur se blesse :
À côté du méchant on passe sans le voir,
Et tranquille et superbe on rentre en son manoir.