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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/75

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Tu courrais comme un loup, ensuite tu rentrais
Comme un paisible agneau dans ta chère Carhaix ;
Tu revenais soldat, sur le dos ton bagage,
Pauvre ; mais lorsqu’un mot de notre vieux langage,
Un mot, sur ton chemin, résonnait tout à coup,
Corret, tes yeux brillaient, l’agneau devenait loup
Sur la colline, hélas ! ta demeure éternelle,
Tu n’entends plus parler la langue maternelle !
Et la brise du soir, ô muet Grenadier,
Ne t’apporte jamais la fleur d’or du landier…
Pleure, ô pays d’Arvor ! pleure, pays de France !
Ton Premier Grenadier tombe d’un coup de lance !
Il tombe noblement d’un coup de lance au cœur !
Voici que l’Allemand hurle et se croit vainqueur :
Mais un des vieux soldats dresse le héros pâle,
Le montre à l’ennemi : « Feu, Colonne Infernale !
Feu ! Vengeance ! Tuons ! » Sais-tu combien de morts.
Guerrier, furent jetés en monceau sur ton corps ?…
Esprit noir, vers Corret va, par delà les Gaules,
Et sur lui fais pleurer les lauriers et les saules !