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Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/89

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L’Élégie de la Bretagne




I

Silencieux men-hîrs, fantômes de la lande,
Avec crainte et respect dans l’ombre je vous vois !
Sur nous descend la nuit, la solitude est grande ;
Parlons, ô noirs granits, des choses d’autrefois.
 
Quels bras vous ont dressés à l’occident des Gaules ?
Géants, n’êtes-vous pas fils des anciens géants ?
Une mousse blanchâtre entoure vos épaules,
Pareille à des cheveux nés depuis des mille ans.
 
Immobiles rêveurs, sur vos landes arides
Vous avez vu passer tous les hommes d’Arvor :
Dans leurs robes de lin les austères druides,
Les brenn étincelants avec leurs colliers d’or ;

Puis les rois et les ducs sous leurs cottes de mailles,
Les ermites cachés à l’ombre des taillis,
Tous les saints de Léon, tous les saints de Cornouailles,
Et du pays de Vanne et des autres pays.